LES neuromythes EN pÉdagogie
Les neurosciences sont régulièrement mises en lumière, notamment auprès du grand public.
De nouvelles méthodes d’apprentissage voient le jour à partir des avancées dans ce domaine. Néanmoins, cet engouement présente également son travers : les neuromythes.
Encore aujourd’hui, de nombreux neuromythes circulent, alors qu’ils ont été invalidés par la communauté scientifique. Il est donc important de comprendre pourquoi ils perdurent.
Mais comment définir un neuromythe ? Quels sont ceux présents en pédagogie ?
qu’est-ce-qu’un neuromythe ?
Un neuromythe est une connaissance erronée sur le fonctionnement du cerveau humain.
L’un des neuromythes les plus célèbre est l’effet Mozart. En 1993 des chercheurs américains publient une étude qui semble lier l’écoute de la musique classique avec le Quotient Intellectuel (QI). L’écoute de Mozart induirait une amélioration de « l’intelligence spatiale ». En réalité, les résultats étaient bien plus complexes, tout comme les conditions et l’interprétation de cette étude. Mais il n’en fallait pas plus pour que le neuromythe naisse. Ainsi, dès 1998, l’état de Floride adopte une loi pour que les écoles maternelles diffusent de la musique classique aux enfants.
On peut définir 3 origines aux neuromythes :
- une simplification excessive de résultats scientifiques
- des connaissances dépassées
- des origines peu claires d’un point de vue scientifique.
De plus, l’une des caractéristiques d’un neuromythe est qu’il perdure dans le temps. Il persiste même après la divulgation de l’information correcte. Ils semblent bénéficier de la même résilience au changement que les illusions ou les légendes urbaines.
Enfin, les neuromythes sont soumis à des conditions culturelles : circulation de l’information (parfois erronée), grand attrait pour les neurosciences (pouvant virer au sensationnalisme), désinformation, etc.
3 neuromythes PRÉSENTS en pÉgagogie
1. LA DOMINANCE HÉMISPHÉRIQUE
Ce neuromythe repose sur le fait que certains seraient plus « cerveau gauche » et d’autres « cerveau droit ». En opposant le côté plus créatif/imaginatif du « cerveau droit » au côté plus logique du « cerveau gauche ».
Ainsi, en a découlé la volonté d’équilibrer les deux parties du cerveau. Des exercices spécifiques ont vu le jour, pour justement tendre à cet équilibre.
Néanmoins, selon Elena Pasquinelli (spécialiste des sciences cognitives – Institut Jean Nicod), cette croyance provient de « distorsions de connaissances scientifiques ». Autrement dit, d’une mauvaise interprétation de résultats d’études en neurosciences.
En réalité, les deux hémisphères du cerveau sont connectés en permanence et travaillent simultanément.
2. LES STYLES D’APPRENTISSAGE
On retrouve cette croyance selon laquelle il existerait 3 styles d’apprentissage : visuel, auditif, kinesthésique.
Ainsi, le cerveau de certains individus serait optimisé pour recevoir de l’information selon une certaine modalité (Masson, 2015).
Il existe bel et bien des préférences de modalité sensorielle (ouïe, vue, toucher) d’un individu à l’autre. Cependant, aucune étude scientifique n’a pu démontrer de lien entre la modalité sensorielle plébiscitée et l’efficacité de la méthode d’apprentissage.
En conclusion, il peut être important d’adapter l’enseignement aux besoins des élèves, mais il faut éviter de le faire sur le base du style d’apprentissage préféré de ces derniers (Masson, 2017). Au contraire, il convient de varier les sources pour répondre aux besoins d’un plus grand nombre et entrainer chacune de ses voies d’entrée pour une meilleure mémorisation.
3. LES INTELLIGENCES MULTIPLES
La théorie des intelligences multiples a été présentée par Howard Gardner en 1983.
En résumé, il y aurait 8 types indépendants d’intelligences (linguistique, spatiale, logitico-mathématique, intrapersonnelle, interpersonnelle, kinesthésique, musicale et naturaliste). Ces huit types pourraient servir de base pour améliorer les pratiques pédagogiques.
Aujourd’hui, grâce aux progrès en sciences cognitives on sait que ces huit compétences ne sont pas indépendantes les unes par rapport aux autres (Furnham,2009 ; Visser, Ashton & Vernon, 2006).
De plus, certains scientifiques reprochent l’emploi du terme « intelligence » qui est confondu avec celui de « talent ».
On l’a vu, les neuromythes en pédagogie ont des racines bien ancrées et ont donné naissance à différentes méthodes d’apprentissage. Cependant, ces méthodes ne permettent pas d’apporter des solutions pédagogiques efficaces.
De plus, ces neuromythes induisent en erreur le lien qui peut se faire entre les neurosciences et la pédagogie. Il est donc important de garder l’esprit critique et de bien s’informer.
C’est effectivement en suivant cette ligne de conduite que nous allons concevoir nos modules de formation.
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